Le triangle du feu est un modèle de base en sécurité incendie, mais sa portée est bien plus vaste qu’il n’y paraît. Il sert à identifier les conditions nécessaires à l’apparition d’un feu et à définir les moyens efficaces pour l’éteindre. Comprendre ce triangle permet d’agir vite, de prévenir les risques, et de choisir les bons moyens d’intervention.

Dans cet article, nous allons explorer en détail :

  • La structure du triangle du feu
  • Les rôles de chacun de ses éléments
  • Les principes de rupture
  • L’extension du modèle en tétraèdre du feu
  • 8 cas concrets d’application opérationnelle
  • L’intérêt de ce concept dans la formation, la prévention et l’action

La combustion

La combustion est une réaction exothermique d’oxydoréduction. C’est une réaction chimique entre un combustible et le comburant. Sont issus de cette réaction de l’énergie (chaleur) et des produits de combustion. Pour qu’une réaction de combustion démarre, trois éléments sont nécessaires :

  • Le combustible,
  • Le comburant,
  • L’énergie d’activation.

C’est le triangle du feu.

Le combustible

Le combustible est tout matériau qui peut brûler et alimenter le feu. Cela inclut les solides (bois, papier, plastique), les liquides inflammables (essence, alcool) et les gaz (méthane, propane). En fonction de la nature du combustible, le comportement du feu peut varier, ce qui influence les stratégies de lutte contre l’incendie.

Plus un combustible est volatile, fibreux ou oxydable, plus il est réactif. La température d’inflammabilité (ou point éclair) est un indicateur clé pour évaluer les risques. Exemple : l’essence s’enflamme vers 260 °C, alors que le bois nécessite environ 300 °C.

La matière qui brûle se présente sous différentes formes.

Les solides

poussières, copeaux,  bois, papier, carton, métal etc.

Les incendies impliquant des matériaux solides, comme le bois ou les textiles, sont souvent plus longs à démarrer, mais peuvent produire des braises persistantes.

Les Liquides

Essence, gasoil, alcool etc.

Les liquides inflammables, comme l’essence, sont extrêmement dangereux en raison de leur volatilité et de leur capacité à se propager rapidement

Les gaz

Butane, propane, hydrogène, etc.

Les feux de gaz sont particulièrement difficiles à maîtriser en raison de la nature invisible du combustible et de leur potentielle explosion. Il s’agit du réducteur de la réaction d’oxydoréduction. Ces combustibles sont catégorisés par les classes de feu.

Le comburant

Le comburant est le second réactif de la réaction chimique, l’oxydant. Sauf cas très particulier, l’oxygène (O2) présent naturellement dans l’air ambiant (21%) est le principal comburant.

La concentration d’oxygène influence fortement l’intensité de la combustion :

  • < 16 % : combustion difficile
  • 21 % : combustion accélérée
  • 100 % O₂ : risques d’explosion très élevé

Dans certains incendies industriels, des comburants plus puissants peuvent être présents, comme des composés chimiques qui libèrent de l’oxygène (nitrate, perchlorate). Ces comburants rendent l’incendie beaucoup plus difficile à éteindre avec les méthodes traditionnelles.

L’énergie

Il s’agit de la chaleur nécessaire pour initier et maintenir la combustion. Les sources d’énergie peuvent être multiples :

  • des étincelles,
  • des flammes nues (briquet, bougie, chalumeau),
  • des frottements ou encore des réactions chimiques.
  • Une surface chaude (moteur, ampoule, radiateur)
  • Une réaction chimique exothermique
  • Un rayonnement solaire intense.

Plus le mélange combustible/comburant est instable, moins il faudra d’énergie pour l’enflammer.

Températures d’inflammation

Chaque matériau a une température d’inflammation spécifique, le point où il commence à brûler. Par exemple, le bois s’enflamme à environ 300°C, tandis que certains matériaux plastiques peuvent brûler à des températures plus basses.

Réduction de la source d’énergie

Les pompiers utilisent l’eau comme principal agent de refroidissement pour réduire la température et éliminer l’énergie nécessaire à la combustion. Des dispositifs comme les lances à incendie sont utilisés pour projeter de l’eau à haute pression et éteindre les flammes en abaissant la température sous le seuil critique d’inflammation

 

Radicaux libres et réaction en chaîne

La réaction de combustion entraîne la dégradation du combustible (oxydation). Des radicaux libres sont alors créés  et vont agir sur les molécules du produit (libérant d’autres radicaux) : la réaction en chaîne démarre.

Le modèle du tétraèdre du feu ajoute un quatrième facteur fondamental : la réaction chimique en chaîne. Cette approche est permet de comprendre les feux complexes (hydrocarbures, métaux, produits chimiques…).

Définition

Pendant une combustion, des radicaux libres se forment. Ils entretiennent et accélèrent la réaction. Cette réaction est auto-entretenue : une fois lancée, elle produit de la chaleur, qui entretient la combustion.

L’importance de ces radicaux libres dans la réaction de combustion est telle que notre ancestral triangle du feu se transforme en tétraèdre du feu.

Rupture de la réaction

Certains agents extincteurs n’agissent ni sur l’oxygène, ni sur la chaleur, ni sur le carburant, mais sur les liaisons chimiques instables :

  • Les poudres chimiques sèches (ABC) agissent sur les radicaux libres
  • Les halons (aujourd’hui interdits) agissaient également à ce niveau

Cette connaissance permet d’adapter les moyens à des situations spécifiques où les méthodes classiques échoueraient.

Techniques de lutte contre le feu : comment casser le triangle

Pour éteindre un feu, il suffit de retirer l’un des éléments du triangle. Voici les trois principales méthodes utilisées par les pompiers :

Retirer le combustible

Isoler les matières inflammables ou créer des coupe-feu.

  • Exemple : couper l’alimentation en gaz lors d’une fuite enflammée, dégager les alentours dans un incendie de forêt.
  • Outils : vanne d’arrêt, interruption du flux de carburant.

Éliminer le comburant

Réduire ou couper l’apport d’oxygène avec de la mousse ou du CO2.

  • Exemple : couvrir un feu de casserole avec un couvercle hermétique ou une couverture anti-feu.
  • Outils : mousse, CO₂, poudres chimiques, étouffement mécanique.

Éliminer la source d’énergie

Refroidir avec de l’eau pour abaisser la température sous le point d’inflammation.

  • Exemple : arroser avec de l’eau pour abaisser la température du foyer.
  • Outils : lance à eau, brouillard d’eau, pulvérisation.

Le triangle du feu est un modèle simple mais fondamental pour comprendre le phénomène du feu. Les pompiers s’appuient sur cette connaissance pour intervenir rapidement et efficacement dans diverses situations, que ce soit des incendies domestiques, industriels ou naturels. En maîtrisant ces trois éléments – combustible, comburant et énergie –.


Cas concrets d’application du triangle du feu

1. Feu de friteuse

  • Danger : huile surchauffée (point éclair franchi)
  • Intervention : ne jamais jeter de l’eau, mais étouffer le feu avec un couvercle
  • Branche rompue : le comburant

2. Feu de gaz

  • Danger : fuite de propane enflammé
  • Intervention : couper l’alimentation à la source
  • Branche rompue : le combustible

3. Feu de forêt

  • Danger : propagation par herbes sèches et vents
  • Intervention : création de pare-feux, zones brûlées préventivement
  • Branche rompue : le combustible

4. Incendie électrique

  • Danger : échauffement de câble sous tension
  • Intervention : coupure du courant, extinction au CO₂
  • Branches rompues : énergie + comburant

5. Feu dans un four industriel

  • Danger : température élevée en continu
  • Intervention : refroidissement prolongé, arrêt du procédé
  • Branche rompue : énergie

6. Feu de véhicule

  • Danger : présence d’hydrocarbures et éléments plastiques
  • Intervention : extinction à la mousse + désincarcération si besoin
  • Branche rompue : comburant + réaction en chaîne

7. Feu de laboratoire chimique

  • Danger : solvants volatils, comburants présents
  • Intervention : extinction à la poudre ABC
  • Branche rompue : réaction en chaîne

8. Feu de matières métalliques (magnésium, sodium)

  • Danger : feu très réactif, incompatible avec l’eau
  • Intervention : utilisation de sable sec ou poudre D
  • Branche rompue : réaction en chaîne spécifique

Pourquoi enseigner le triangle du feu dès la formation ?

Le triangle du feu est intégré dès les premiers modules de formation des :

  • Sapeurs-pompiers (JSP, SPV, SPP)
  • Agents de sécurité incendie (SSIAP)
  • Employés en milieu industriel ou tertiaire

Objectifs pédagogiques :

  • Comprendre comment un incendie démarre
  • Réagir de façon adaptée selon le type de feu
  • Choisir l’extincteur approprié
  • Évaluer les risques potentiels sur un site donné

C’est aussi un repère visuel rapide pour sensibiliser les équipes à la prévention incendie.

 

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FAQ – Triangle du feu

1. Qu’est-ce que le triangle du feu ?

C’est un modèle qui explique les trois éléments indispensables pour qu’un feu démarre : le combustible, le comburant et l’énergie d’activation.

2. Quels sont les trois éléments du triangle du feu ?

  • Combustible : ce qui brûle (bois, essence…)
  • Comburant : ce qui permet la combustion (souvent l’oxygène)
  • Énergie d’activation : la chaleur initiale (flamme, étincelle…)

3. Comment fonctionne le triangle du feu ?

Si les trois éléments sont réunis dans les bonnes proportions, un feu peut apparaître. Supprimer un seul des trois stoppe la combustion.

4. Pourquoi le triangle du feu est-il important ?

Il permet de comprendre comment prévenir, détecter et éteindre un feu en supprimant l’un des trois facteurs.

5. Quelle est la différence entre triangle et tétraèdre du feu ?

Le tétraèdre ajoute un quatrième facteur : la réaction chimique en chaîne, utile pour comprendre les feux complexes.

6. Comment éteindre un feu en agissant sur le triangle du feu ?

On peut :

  • Supprimer le combustible (ex : couper le gaz)
  • Supprimer le comburant (ex : couvrir le feu)
  • Supprimer l’énergie (ex : arroser pour refroidir)

7. Quel extincteur utiliser selon le triangle du feu ?

  • Eau : agit sur la chaleur
  • CO₂ : agit sur le comburant
  • Poudre : agit sur la réaction chimique
  • Mousse : agit sur le comburant et refroidit

8. Que se passe-t-il si on ne supprime pas un élément du triangle ?

Le feu continue à brûler, voire s’étend si le combustible ou l’oxygène augmente.

9. Quels sont des exemples de combustibles ?

Bois, carton, tissus, hydrocarbures, gaz, alcools, solvants…

10. Peut-on éteindre un feu sans eau ?

Oui, avec de la mousse, du CO₂, des poudres ou en étouffant mécaniquement le feu.

11. Qu’est-ce qu’un comburant autre que l’oxygène ?

Certains produits chimiques comme les nitrates ou le peroxyde d’hydrogène peuvent jouer ce rôle.

12. Que signifie “énergie d’activation” ?

C’est l’énergie initiale qui déclenche la combustion, comme une étincelle ou une flamme.

13. Pourquoi l’eau ne doit-elle pas être utilisée sur tous les feux ?

Certains feux (huiles, métaux, électriques) peuvent réagir violemment avec l’eau.

14. Comment enseigner le triangle du feu à des enfants ?

Utiliser des images simples : feu = 3 éléments. En enlever un = plus de feu.

15. Comment intégrer le triangle du feu dans un plan de prévention ?

En identifiant les sources possibles de combustible, de comburant et d’énergie, et en les maîtrisant.

16. Le triangle du feu s’applique-t-il à tous les incendies ?

Oui, mais pour les feux complexes (produits chimiques, métaux), le tétraèdre est plus précis.

17. Quelles sont les erreurs fréquentes en lien avec le triangle du feu ?

  • Jeter de l’eau sur de l’huile
  • Utiliser un mauvais extincteur
  • Ignorer une source d’oxygène (courants d’air, bouteilles O₂)

18. Que montre le triangle du feu dans la formation des pompiers ?

Il montre comment analyser un feu et choisir la stratégie d’attaque la plus sûre.

19. Peut-on représenter le triangle du feu visuellement ?

Oui, avec un triangle aux trois côtés nommés : combustible, comburant, énergie.

20. Existe-t-il un moyen mnémotechnique pour retenir le triangle du feu ?

Oui : C²E (Combustible, Comburant, Énergie) ou la phrase “Pour un feu, il faut trois : une chose qui brûle, de l’air et de la chaleur”.

 


Pour aller plus loin