La prise de décision sur opération s’inscrit dans une dynamique  OBSERVER – ANALYSER -DÉCIDER – AGIR . Ce processus semblerait finalement assez simple à traiter pour une machine ou un logiciel en situation nominale ; il en est tout autre pour un pompier sur intervention, en situation dégradée.
Les fiches réflexes, les check-list, les guides, les procédures, les logigrammes sont nécessaires ; mais l’idée (aussi séduisante et réconfortante soit-elle) que ces outils suffisent à appréhender complètement une opération est illusoire.

De l’équipier au chef de site, il faut des hommes pour analyser, décider et agir. Mais le cerveau n’est pas un logiciel, il subit des influences. Des obstacles à identifier afin d’améliorer sa perception de la situation et sa prise de décision. Facile à dire, moins facile à appliquer !

Le contexte…

  • Le peu de temps disponible pour prendre des décisions,
  • Le niveau élevé d’incertitude à l’arrivée sur les lieux, opposé à la « nécessité » d’engager des réactions immédiates,
  • L’attente élevée du public face à la situation, le sentiment de responsabilité exacerbé du sapeur-pompier,
  • La fatigue,
  • le stress,
  • les victimes, le sang, la présence d’enfants,
  • le froid, la chaleur, le bruit,

Sont autant d’éléments susceptibles d’influencer notre lucidité, notre perception de la situation et la pertinence des nos décisions sur opération.

Voir ce que l’on a imaginé

Le trajet vers le lieu de l’intervention permet de se projeter dans l’opération, d’imaginer ce que sera la situation, et les réactions immédiates à engager. On se fait  une idée, une représentation  de l’intervention, selon son expérience et les éléments donnés à l’appel avant même d’être sur place.

Une fois sur les lieux, la difficulté serait de privilégier les informations qui confirment l’idée a priori, et d’ignorer les indices susceptibles d’infirmer cette idée persistante. Ce biais influence notre manière de rechercher de l’information à travers la reconnaissance et influence également les actions qui seront engagées.

La première impression n’est pas toujours la bonne

Cette fâcheuse tendance à se focaliser dés le départ sur les informations initialement fournies. Il s’agit généralement du premier élément d’information acquis lors de la reconnaissance initiale.

J’ai déjà fait ce genre d’intervention…

Vous partez pour un feu de garage, et vous en avez déjà fait trois ce mois-ci. La situation est perçue à tort comme étant similaire à d’autres situations. De façon inconsciente, et parce que ça rassure, vous risquez de reproduire à l’identique à ce que vous avez fait récemment. Bienvenue dans la routine, avec tout les risques induits : ne pas chercher à recueillir d’autres informations et ou percevoir la situation de façon erronée.

Cette routine se développe également à force d’entraînements identiques répétés à la tour de manœuvre… A force de reproduire la même scène on gagne en réflexes, mais on risque de perdre en agilité !

 

Les conseils de Chuck Norris

  • Raisonner à partir d’objectifs à atteindre,
  • Rechercher des informations qui infirment ses convictions : envisager toutes les possibilités d’erreur ,
  • Contrôler l’efficacité des actions entreprises,
  • Engager des reconnaissances régulières pour disposer d’une bonne perception de la situation,
  • Varier les scénarios des manoeuvres pour rester agile.