Fuite de gaz, flaque d’hydrocarbure, levée de doute, l’explosimètre fait partie des outils indispensables à la sécurité du sapeur pompier en intervention.

Je ne me souviens que d’une chose de mes cours de FI à propos de l’explosimètre :  le pont de Wheatstone ! C’est finalement l’information la plus inutile à connaître sur le fonctionnement de cet appareil. J’aurais préféré qu’on m’en dise plus, avec des mots simples. Pour réviser, un QCM sur l’explosimètre est proposé dans cet article.

Qu’est-ce qu’un Explosimètre ?

Un explosimètre est un appareil de détection de gaz utilisé par les sapeurs-pompiers pour mesurer la concentration de gaz ou de vapeurs inflammables dans l’air. Il évalue cette concentration en pourcentage de la Limite Inférieure d’Explosivité (LIE), seuil au-dessus duquel un gaz peut s’enflammer en présence d’une source d’ignition.

Fonctionnement de l’Explosimètre

Principe de l’Oxydation Catalytique

La majorité des explosimètres utilisés par les pompiers fonctionnent selon le principe de l’oxydation catalytique. Un filament chauffé est exposé à l’air ambiant ; en présence de gaz combustibles, une réaction d’oxydation se produit, augmentant la température du filament. Cette variation est mesurée via un pont de Wheatstone, permettant de déterminer la concentration en gaz.

Limitations

  • Atmosphères appauvries en oxygène : En dessous de 15% d’O₂, la mesure peut être erronée .
  • Poussières non détectées : Les explosimètres ne détectent pas les poussières combustibles (charbon, céréales, bois, etc.) .
  • Facteurs environnementaux : L’humidité, les températures extrêmes et les interférences électromagnétiques peuvent affecter les mesures

Technologies Alternatives

  • Détection Infrarouge (IR) : Utilise un faisceau IR pour détecter les gaz spécifiques sans dépendre de la présence d’oxygène. Avantage : pas de saturation, adapté aux environnements riches ou pauvres en O₂ .
  • Conductivité Thermique : Mesure la conductivité thermique des gaz pour identifier leur présence. Moins courant mais utile pour certains gaz spécifiques.

Utilisation en Intervention

Mise en Service

Toujours allumer l’explosimètre en zone saine pour éviter une mauvaise calibration due à la présence de gaz.

Temps de Réaction

L’appareil nécessite environ 20 secondes pour fournir une mesure fiable après exposition à un gaz inflammable.

Saturation

Évitez d’exposer l’explosimètre à des concentrations élevées de gaz, ce qui peut saturer le capteur et le rendre temporairement inopérant

Bonnes Pratiques pour les Pompiers

  • Étalonnage Régulier : Utiliser des gaz étalons (souvent le méthane) pour calibrer l’appareil .
  • Maintenance : Vérifier régulièrement l’état du capteur et remplacer les filtres si nécessaire .
  • Formation : Se former aux différentes technologies et comprendre les limitations de chaque type d’explosimètre .

Utiliser un explosimètre en intervention : 6 points essentiels

1. Un explosimètre détecte uniquement les vapeurs et gaz combustibles.

Le risque explosif lié aux poussières (charbon, céréale, bois…) n’est pas détecté par l’appareil. Les poussières encrassent le filtre.

2. Un explosimètre s’allume en zone saine

La mise à zéro, de l’explosimètre est souvent réalisée automatiquement au moment de son allumage. Si vous allumez votre appareil en présence d’un gaz inflammable, le point de référence de la mesure est susceptible de se décaler. Par la suite, lors du réseau de mesures, des valeurs négatives et une sous estimation du risque sont possibles.

3. La majorité des appareils en service sont des explosimètres à oxydation catalytique

Ce type d’explosimètre donne une mesure de la concentration d’un gaz inflammable entre 0% et 100% de la limite inférieure d’inflammabilité (LIE). La réponse de l’appareil repose sur le gaz étalon, gaz de référence à partir duquel l’explosimètre est réglé. Le méthane (CH4) est le gaz le plus utilisé pour l’étalonnage de ces appareils.

Les explosimètres à oxydation catalytique n’indiquent pas la présence de gaz combustibles dans un environnement inerté en oxygène : en dessous de 15% d’O2 dans l’air, la mesure est susceptible d’être erronée.

D’autres facteurs sont susceptibles d’influencer le fonctionnement de l’explosimètre et le mener à des réponses fausses :

  • L’humidité ambiante,
  • les températures élevées ou très basses,
  • les ondes électromagnétiques,
  • les substances siliconées, plombées ou soufrées

D’autres technologies d’explosimètres existent : conductivité thermique, ou détection infrarouge.

4. Les explosimètres n’apprécient pas les saturations inutiles

Oui ! Votre explosimètre réagira au contact du gaz du briquet. Oui ! Il régira au contact de la canalisation de gaz fuyarde. Mais est-ce bien utile de le soumettre à des telles concentrations ?

Un appareil saturé, en alarme haute, devient totalement aveugle et mettra du temps à se remettre. Le filtre et le capteur n’apprécient pas…

5. Fuyez les courbes de conversion, fuyez la précision !

Votre explosimètre indique 10 % LIE
Sur quel gaz est-il étalonné ? l’Hexane ? Le Butane ? Le Propane ? Le Méthane ?
Et d’ailleurs, à quel gaz ou vapeurs inflammables êtes-vous confronté ?

Votre explosimètre indique une valeur : c’est suffisant pour établir la présence d’un risque inflammable dans la zone et prendre les mesures de protection nécessaires, ne perdez pas de temps avec des courbes de conversion, ce n’est pas le moment !

  • Parce que vous ne connaissez pas avec certitude la nature de gaz inflammable détecté.
  • Parce qu’il peut s’agir d’un mélange de gaz ou vapeurs.
  • Parce la température et l’humidité ambiantes peuvent affecter la précision des mesures.
  • Parce que la concentration des vapeurs dans la zone n’est pas forcément homogène.

Considérez simplement votre explosimètre comme un détecteur de gaz inflammable, en évitant des calculs approximatifs.

6. Vingt secondes !

C’est le délai nécessaire à votre explosimètre pour réagir en présence d’un gaz inflammable dans l’atmosphère. Ce temps de réaction dépend de la concentration en gaz et du modèle de l’explosimètre.

Lors de vos prélèvements, laissez le temps à l’explosimètre de réagir .

 

Connaître en profondeur le fonctionnement, les capacités et les limites de l’explosimètre est essentiel pour tout intervenant en milieu à risque. Cet appareil ne se résume pas à une simple mesure : il est un rempart contre les dangers d’inflammation et d’explosion. Maîtriser l’utilisation de l’explosimètre permet aux sapeurs-pompiers de prendre des décisions éclairées, d’ajuster leurs actions en fonction des risques et de protéger efficacement leurs équipes. En se formant à cet outil et en l’intégrant dans chaque intervention, les pompiers renforcent la sécurité sur le terrain, se préparant au mieux aux situations critiques.


Testez-vous avec ce QCM :

Un explosimètre détecte

Correct! Wrong!

Je mets en marche mon explosimètre

Correct! Wrong!

Le taux d'oxygène dans l'atmosphère n'a pas d'influence sur le fonctionnement de mon explosimètre à oxydation catalytique.

Correct! Wrong!

Les ondes électromagnétiques (TV, appareils électriques, etc.)

Correct! Wrong!

En présence d'une fuite de gaz sur canalisation

Correct! Wrong!

En présence d'une atmosphère inflammable

Correct! Wrong!

Testez vous sur l'explosimètre
résultats
Bien joué !
Résultats
Encore quelques révision pour obtenir un super score...

Share your Results:

 

fonctionnement d'un explosimètre utilisé par les pompiers

Pour aller plus loin : brochure INRS

 


 

explosimetre pompier

FAQ – Explosimètre et interventions des pompiers

1. Qu’est-ce qu’un explosimètre ?
Un explosimètre est un détecteur qui mesure la concentration de gaz inflammables dans l’air, exprimée en pourcentage de la Limite Inférieure d’Explosivité (LIE).

2. Pourquoi les pompiers utilisent-ils un explosimètre en intervention ?
Pour prévenir les risques d’explosion liés à la présence de gaz inflammables ou de vapeurs combustibles dans l’atmosphère.

3. Que signifie LIE ?
La LIE (Limite Inférieure d’Explosivité) est la concentration minimale d’un gaz dans l’air à partir de laquelle il peut exploser en présence d’une source d’inflammation.

4. À partir de quel pourcentage LIE y a-t-il danger ?
Dès 10 % de LIE, la vigilance s’impose. À 20 % LIE, l’accès est strictement interdit sans protection adaptée. Au-delà, l’atmosphère est considérée comme explosive.

5. Un explosimètre détecte-t-il tous les gaz ?
Non. Il détecte les gaz inflammables, mais pas les gaz toxiques ou inertes comme le CO₂, ni les poussières combustibles.

6. Faut-il de l’oxygène pour qu’un explosimètre fonctionne ?
Oui, pour les modèles catalytiques classiques. Sans oxygène, la combustion contrôlée ne peut pas avoir lieu, et la mesure est faussée.

7. L’explosimètre peut-il être utilisé en atmosphère appauvrie en oxygène ?
Non, ou seulement si c’est un modèle à détection infrarouge, qui ne dépend pas de l’oxygène.

8. Quels sont les types de capteurs utilisés ?
Les deux principaux types sont les capteurs catalytiques (pelistors) et les capteurs infrarouges (IR).

9. Comment allumer correctement un explosimètre ?
Toujours l’allumer en zone saine pour permettre une calibration correcte et éviter de fausser les mesures.

10. Peut-on se fier aux mesures immédiatement ?
Il faut attendre environ 20 secondes pour une mesure stable, le temps que le capteur réagisse.

11. Que faire si le capteur est saturé ?
Retirer l’appareil de la zone, le laisser s’aérer, et vérifier qu’il reprend des mesures normales avant de continuer.

12. Quelle est la durée de vie d’un explosimètre ?
Entre 3 et 5 ans selon l’usage, les conditions d’exposition, et la fréquence de maintenance.

13. Comment entretenir un explosimètre ?
En réalisant un étalonnage régulier, en remplaçant les filtres et en vérifiant les alarmes.

14. Peut-on utiliser un explosimètre en présence de poussières ?
Non, il ne détecte pas les poussières combustibles comme le sucre, la farine, ou le bois.

15. Quels sont les risques d’une mauvaise utilisation ?
Mesures erronées, faux sentiment de sécurité, exposition des équipes à un risque d’explosion.

16. Quelle est la différence entre un explosimètre et un détecteur multigaz ?
Un détecteur multigaz peut intégrer plusieurs capteurs (inflammables, CO, O₂, H₂S, etc.) alors qu’un explosimètre est dédié à l’explosivité.

17. Existe-t-il des explosimètres portables ?
Oui, les modèles utilisés en intervention sont généralement portatifs et conçus pour des mesures rapides.

18. Quelle est la fréquence d’étalonnage recommandée ?
Au minimum tous les 6 mois, ou avant chaque utilisation importante selon les recommandations du fabricant.

19. L’humidité influence-t-elle les mesures ?
Oui, elle peut perturber les capteurs catalytiques, surtout en cas de condensation.

20. Peut-on remplacer un explosimètre par un détecteur de gaz domestique ?
Non. Les détecteurs domestiques ne sont pas conçus pour les environnements opérationnels ni pour détecter un large spectre de gaz.