Lors d’un incendie de végétation, la vitesse de propagation conditionne directement les choix tactiques, l’engagement des moyens et la sécurité des intervenants. Elle dépend de plusieurs facteurs, dont la vitesse du vent et l’humidité relative de l’air. Ce dernier paramètre est souvent sous-estimé, alors qu’il joue un rôle central dans le danger d’éclosion et les modes de propagation du feu. Cet outil interactif vous permet d’estimer rapidement la vitesse de propagation théorique d’un feu, à partir de données observables ou mesurables sur le terrain : vitesse du vent et hygrométrie. Il repose sur des valeurs issues du GUIDE DE DOCTRINE OPÉRATIONNELLE Feux de forêts et d’espaces naturels. L’humidité relative : un paramètre clé L’hygrométrie correspond au rapport entre la quantité de vapeur d’eau contenue dans l’air et la quantité maximale qu’il pourrait contenir à température constante. Plus l’air est chaud, plus il peut absorber d’humidité, ce qui rend ce paramètre variable selon :

  • la température ambiante,
  • le relief,
  • et le vent (notamment en régime de Foehn).

Points clés :

  • En dessous de 30 %, la vitesse de propagation s’accroît fortement.
  • ⚠️ < 15 % d’humidité relative : l’éclosion et la propagation peuvent devenir explosives, surtout en présence de graminées.
  • 50 % : le risque d’éclosion est faible, la propagation est naturellement freinée.

Contrairement à la température ou au vent, la baisse de l’humidité est peu perceptible sans appareil de mesure. Le vent : vecteur d’accélération et de direction La vitesse du vent moyen est directement corrélée à la cinétique du feu :

  • En situation moyenne, la vitesse de propagation représente environ 3 % de la vitesse du vent moyen.
  • Dans des conditions défavorables (chaleur, végétation sèche, faible hygrométrie), ce taux peut grimper à 4 à 10 %.
  • Le vent de Foehn peut abaisser l’hygrométrie à moins de 10 %, créant des fronts de flammes imprévisibles et des sautes de feu en série.

Il est fondamental de distinguer :

  • la vitesse moyenne du vent (mesurée),
  • la vitesse des rafales (souvent 1,5 à 2x supérieure).

Mode d’emploi de l’outil

  1. Sélectionnez la vitesse du vent moyen via le curseur.
  2. Choisissez la plage d’humidité relative observée ou mesurée.
  3. L’outil vous affiche :
  • un facteur de propagation (%)
  • la vitesse théorique de propagation (km/h) du feu sur sol plat.

Cet outil est un indicateur dynamique utile pour anticiper les évolutions du feu, mais ne remplace pas l’analyse topographique ni la prise en compte de la végétation, de la pente ou de l’ensoleillement.  Exemple d’interprétation

  • Vent moyen : 36 km/h
  • Hygrométrie : 21 %
  • Facteur estimé : 8,4 %
  • Vitesse de propagation : 3,02 km/h

Dans ce cas, le feu aura une cinétique élevée. Il nécessitera un engagement rapide, une anticipation tactique du développement (zone de convergence, obstacle, crêtes), et des moyens conséquents. Doctrine et limites Cet outil est fondé sur un référentiel empirique solide, mais :

  • il repose sur des valeurs moyennes,
  • il ne prend pas en compte la pente, la structure végétale, ni les facteurs d’accélération instantanée (tourbillons, foyers secondaires, sautes de feu).

Il convient donc de l’utiliser comme un indicateur complémentaire, intégré à une stratégie d’analyse globale du chantier.